Adrien Dufresne, architecte, né le 18 juin 1904 à Beauport; il est le fils de Jean-Baptiste Dufresne, maître maçon et de Georgianna Rodrigue; il a au moins un frère, Augustin et une sœur, Georgianna; célibataire; il décède à Beauport le 12 mars 1983, à l'âge de 78 ans. Enfant, Adrien Dufresne fait sa scolarité du primaire au pensionnat Saint-Jean-Berchmans à Québec. En 1918, il étudie au Petit Séminaire de Québec, où il obtient son baccalauréat ès arts en 1922. La même année, il est admis à l'École des Beaux-Arts de Québec et c'est deux ans plus tard, en 1924, qu'il s'inscrit dans le programme d'architecture de l'institution. Pendant ses études, Dufresne s'intéresse, entre autres, à l'architecture religieuse. D'abord, son intérêt et son admiration se portent sur le travail des architectes américains Ralph Adams Cram et Bertram Grosvenor Goodhue. Il se procure plusieurs ouvrages et plans des œuvres de ces architectes, qu'il recopie dans le cadre de ses travaux étudiants. Du côté européen, il entreprend, dès 1926, une correspondance avec l'architecte anglais Sir Giles Gilbert Scott, concepteur de la cathédrale de Liverpool; ainsi qu'avec Dom Paul Bellot, architecte bénédictin français. Subjugué par les œuvres du moine, Dufresne implantera son style architectural, le dom-bellotisme, au Québec. C'est également le moine français qui lui fait lire les ouvrages de différents maîtres-architectes et mathématiciens, dont ceux d'Eugène Viollet-Le-Duc, d'Auguste Choisy et de Matila C. Ghyka, entre autres, pour connaître le système des proportions. En mai 1930, Adrien Dufresne obtient son diplôme en architecture de l'École des Beaux-Arts de Québec. En juin, lors de l'exposition des travaux étudiants de l'École, il reçoit le premier prix en architecture, ainsi que la médaille du Salon et la médaille du consul de France, pour un projet d'église. Toujours en 1930, il devient boursier du gouvernement du Québec afin de poursuivre ses études en Europe. Il se rend immédiatement à Wisques, dans le nord de la France où se trouve l'atelier de Dom Bellot. Celui-ci lui fera rencontrer les membres du groupe de L'Arche, un groupement d'artistes et d'artisans d'art religieux, dont l'architecte Maurice Storez, l'artiste peintre Valentine Reyre et le sculpteur Henri Charlier. Lors de son séjour européen, Dufresne est ainsi plongé dans le renouveau des arts religieux. Dom Bellot l'initie également à l'architecture néerlandaise, notamment en lui faisant découvrir les œuvres de Willem Dudock, ainsi que ses propres projets réalisés aux Pays-Bas. Dufresne voyage également en Belgique et en Allemagne. Lorsqu'il revient au Québec, il tente de faire connaître les œuvres et le style de Dom Bellot à ses compatriotes et aux jeunes étudiants en architecture. Ainsi, en 1932, avec l'aide d'Edgar Courchesne, qui a lui aussi étudié à l'atelier du moine, il prépare une exposition sur les réalisations de Dom Bellot, qui a lieu à Montréal et à Québec. Ensuite, par l'entremise de l'Institut scientifique franco-canadien, les deux jeunes architectes réussissent à faire venir le moine bénédictin au Québec, en 1934. Il y donne une série de neuf conférences portant sur sa conception de l'architecture religieuse. À la fin des années 1930, Dom Bellot est invité à revenir au Québec, afin de concevoir le dôme de l'Oratoire St-Joseph de Montréal. Ce projet l'oblige à faire de fréquents allers et retours entre la France et le Québec. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale empêche le retour en France de Dom Bellot, qui était prévu le 3 septembre 1939. Obligé de rester au Québec, il utilise son talent d'architecte à la réalisation de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, en Estrie. Malheureusement, Dom Bellot ne retournera jamais dans son pays natal. En 1943, les médecins lui diagnostiquent un cancer. Il meurt à l'hôpital, à Montréal, le 5 juin 1944 et il est enterré dans le cimetière de Saint-Benoît-du-Lac. Adrien Dufresne, qui reste en contact avec le moine jusqu'à sa mort, continue de propager le dom bellotisme dans ses œuvres architecturales. Au début de la décennie 1930, le jeune architecte de Beauport entreprend sa carrière professionnelle en ayant en tête les principes architecturaux de Dom Bellot, mais aussi celui qui régit son art : Être de son temps et de son pays; et qui lui fera développer son propre style. Un de ses tout premiers projets est de réaliser les dessins du retable du maître-autel et des autels latéraux de l'église de la Nativité-de-Notre-Dame à Beauport. Ce retable qui constitue la pièce maîtresse de l'église est réalisé en 1932, par le menuisier et sculpteur Georges Trudelle, le statuaire-sculpteur Henri Angers et le doreur Gérard Lagacé. De 1936 à 1964, Adrien Dufresne dessine les plans d'une quarantaine d'églises et de chapelles, dont la plupart seront construites et dont certaines sont du style de Dom Bellot. Parmi celles-ci, il réalise l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus de Beauport en 1936-1937; la chapelle de l'église Saint-Esprit dans le quartier Limoilou, en 1941-1949; l'église Notre-Dame-de-la-Paix dans le quartier Saint-Roch, en 1942-1948; et l'église Saint-Fidèle dans le quartier Limoilou, en 1952-1954. Il travaille également à la réalisation de la basilique Notre-Dame-du-Cap, au Cap-de-la-Madeleine, elle aussi dans le dom bellotisme. Cette œuvre qui a exigé des années de réflexion est érigée en 1964, mais les premiers plans de ce sanctuaire datent de 1944. Au fil des années, Adrien Dufresne développe son propre style, comme pour l'église Saint-Simon en Beauce, en 1942-1943; la chapelle funéraire de Mgr de Laval, au Petit Séminaire de Québec, en 1949-1950; la Chapelle du souvenir Mont-Thabor à Limoilou, en 1951-1953; et l'église du Christ-Roi à Shawinigan en 1965. Outre ses œuvres à caractère religieux, Adrien Dufresne réalise également des plans pour des projets d'hôpitaux, de maisons d'enseignement, d'édifices publics, de résidences privées, de monuments et divers mobiliers. Entre autres, il élabore les plans de l'Hôtel-Dieu de St-Georges de Beauce, en 1946-1949; le Collège Saint-Charles-Garnier à Québec, en 1933-1935; l'Académie Sainte-Marie à Beauport, en 1947; le bureau de poste, en 1932 et le poste de pompier à Beauport, en 1934-1935; ainsi que le bâtiment de la Régie des alcools du Québec, à Québec, en 1964-1965. Au cours de sa carrière, Adrien Dufresne s'implique dans diverses associations. Ainsi, il est membre et conseiller pour l'Association des architectes de la province de Québec; membre de l'Institut des architectes du Canada; membre et directeur pour un temps, de la Société d'histoire régionale; membre du Cercle universitaire; ainsi que conseiller à la Chambre de commerce de Beauport. D'ailleurs, ce Beauportois de naissance réalise plusieurs bâtiments tant religieux que publics pour sa ville natale. Son père, Jean-Baptiste Dufresne achète en 1895, la maison située au 505 avenue Royale à Beauport. Adrien Dufresne devient propriétaire de la maison en 1951 et y fait construire une annexe pour lui servir d'atelier et de bureau d'architecte. Par ses œuvres architecturales réparties dans la grande région de Québec, mais aussi dans d'autres régions; Adrien Dufresne a contribué au renouveau de l'architecture religieuse au Québec, des années 1930 à 1960. Son style se caractérise par des structures simples, des intérieurs dépouillés et des choix de matériaux tenant compte des ressources régionales.