Alphonse Couturier est né à Sainte-Hélène-de-Kamouraska, le 12 février 1885. Son père, Pierre, était propriétaire d'une ferme et commerçant de chevaux. </p> <p>Alphonse Couturier est d'abord employé de la Fraser Company. Il travaille également comme meunier et "millwright", c'est-à-dire dans la construction et la réparation de moulins. </p> <p>En 1909, il lance sa propre entreprise de transformation du bois à Saint-Louis-du-Ha-Ha! Il entre ainsi en concurrence avec la Fraser Company, qui exerce un quasi monopole sur les réserves forestière du Témiscouata. </p> <p>D'autres facteurs auraient également nuit aux activités de son entreprise: crise économique des années 1930, incendies de scieries et conflit juridique avec un contracteur général. Alphonse Couturier se tourne alors vers la région gaspésienne afin de poursuivre sa carrière d'industriel du sciage. </p> <p>En 1936, il explore la limite forestière de la compagnie Marsouin Lumber, le long de la rivière Marsoui. Il fait ensuite construire une petite scierie sur la montagne de l'est. Pour démarrer son entreprise, il reçoit l'appui de la firme J. W. Duncan de Montréal. </p> <p>En 1940, une nouvelle usine est construite près de la rivière. Malheureusement, l'édifice est complètement rasé par un incendie deux ans plus tard. Refusant de céder au découragement, Alphonse Couturier reconstruit la scierie. Par la suite, viennent s'ajouter des écorceurs, servant à la production de copeaux, et une usine de rabotage. L'entreprise comprend finalement un magasin général permettant d'approvisionner la population locale. </p> <p>L'entreprise fabrique de la latte, du bois de fuseau, du bardeau, du bois de chauffage et du "bois à boîtes". Les produits sont écoulés sur les marchés américains, anglais, ontariens et québécois (Montréal, Québec, Côte-Nord, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie). </p> <p>La venue de A. Couturier et fils ouvre une période de prospérité pour la municipalité de Marsoui. En 1930, la paroisse compte seulement 131 personnes. La population augmente dans les décennies suivantes pour atteindre un sommet dans les années 1960, soit plus de 700 personnes. </p> <p>En plus de sa carrière d'industriel, Alphonse Couturier occupe plusieurs fonctions au sein de sa communauté: maire de Marsoui (1950-1960), préfet du comté de Gaspé-Nord (1950-1961), président de la commission scolaire (1950-1961) et député de l'Union nationale (1952-1960). </p> <p>En 1967, alors âgé de 82 ans, Alphonse Couturier confie la direction de l'entreprise à son fils Oscar. Cependant, en 1971, l'usine est encore une fois détruite par un incendie. L'entreprise crée alors 529 emplois directs et indirects. Sa valeur est estimée à 2 800 000 dollars. </p> <p>Oscar Couturier construit alors une petite scierie pour écouler le bois déjà coupé en forêt. Après quelques mois, les opérations sont suspendues. Inquiète, la population de Marsoui forme un comité de citoyens afin de relancer l'industrie. Ayant obtenu des garanties d'approvisionnement en bois, une nouvelle société, incoporée sous le nom de "Bobois", est mise sur pied. </p> <p>Oscar Couturier occupe la présidence du conseil d'administration de Bobois. Une nouvelle usine est construite mais son président décède subitement en forêt le 5 février 1973. Avec le décès de son père, le 11 juillet de la même année, c'est véritablement la fin de l'époque des Couturier dans l'industrie forestière à Marsoui. </p>
Published
RDAQ-1028-P231
Le fonds renseigne principalement sur le fonctionnement et l'évolution de la compagnie A. Couturier et fils de Marsoui entre 1936 et 1963. Il informe notamment sur la gestion financière, la construction des différents édifices et l'entretien des équipements. De plus, le fonds illustre éloquemment les différentes étapes de la transformation du bois. </p> <p>Au plan de l'approvisionnement , l'entreprise a recours aux services de plusieurs sous-traitants ("jobbers"). Elle achète du bois de différents syndicats forestiers et de petites scieries: Ste-Marthe Lumber, Moreau et frères de Saint-Jules. Elle fait aussi affaires avec les colons des paroisses de l'arrière-pays telles que Saint-Octave-de-l'Avenir, Saint-Bernard-des-Lacs et Sacré-Coeur-Deslandes. Une fois coupé, le bois est transporté par camion à l'usine de A. Couturier et fils. </p> <p>Pour sa part, l'étude des documents relatifs à la scierie permet de connaître les différents produits, la quantité de bois transformé et les essences de bois utilisées. Le produit fini est expédié par bateau sur les marchés du Québec, des États-Unis ou de l'Angleterre. </p> <p>Le fonds recèle une quantité importante d'information sur les travailleurs: noms, âge, conditions de travail, tâches, etc. Il met en évidence l'étendue géographique du bassin de recrutement de l'entreprise. Les travailleurs proviennent pratiquement de l'ensemble du territoire de la Haute-Gaspésie. </p> <p>Le fonds renseigne aussi sur les achats des clients au magasin général et sur son réseau d'approvisionnement en marchandises, notamment auprès de commerçants gaspésiens. Il témoigne finalement des relations de l'entreprise avec le gouvernement concernant l'assurance-chômage, les accidents de travail, la colonisation et la guerre.</p> <p>Le fonds est principalement formé de documents financiers: livres de compte, listes de paie, feuilles de temps, cartes d'horodateurs, tableaux de calcul de la quantité de bois transformé, livrets de banque, impôts, lettres de démission, avis de cessation d'emploi et factures (fournisseurs, clients, chauffeurs de camion). Il renferme également des bons d'expédition, de la correspondance, des contrats d'embauche des entrepreneurs et de la documentation gouvernementale.
Les documents étaient conservés dans l'ancien bureau de la compagnie A. Couturier et fils depuis la fermeture de l'entreprise. Par la suite, le bâtiment est devenu la propriété de la municipalité de Marsoui, qui a fait don des documents au Musée de la Gaspésie en 2010.
Certains dossiers sont restreints à la consultation en raison de la présence de renseignements personnels.
Restrictions à la reproduction : Certains dossiers sont restreints à la consultation en raison de la présence de renseignements personnels.
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Jeannot Bourdages, "Inventaire sommaire du Fonds A. Couturier et fils (P231)", Gaspé, Musée de la Gaspésie, 2010. 7 pages.