En juin 1959, Monseigneur Labrie, président de l’œuvre de la Propagation de la Foi, fonde le Service missionnaire des jeunes (SMJ) dont le premier directeur national est le père Joseph Gendron, sj. Sa structure repose surtout sur les communautés religieuses féminines dont l’engagement dans le secteur de l’éducation en fait la principale courroie de transmission entre l’organisation et les jeunes du Canada français. Dès les débuts de l’aventure, sont rejoints des jeunes du Québec, de l’Acadie et du Nord de l’Ontario. Après avoir distribué la revue du mouvement français homologue, le SMJ lance « Jeunes du Monde » en 1962, revue tirée à 15 000 exemplaires. Alors que le SMJ vit principalement à travers des expositions et des camps missionnaires organisés par les institutions d’enseignement pour filles et garçons d’âge scolaire secondaire puis collégial (et même universitaire) du Canada français afin de promouvoir l’esprit et l’engagement missionnaires parmi ces derniers, l’année 1967 voit s’amorcer un changement. Auparavant basé sur les intentions missionnaires du mois, le programme d’éducation s’inspire dorénavant d’un thème annuel. Jusqu’alors intimement lié aux instituts missionnaires québécois et au réseau des collèges et écoles secondaires du Canada français, le SMJ établit de nouvelles structures basées sur les diocèses. À cette nouvelle structuration du mouvement correspond aussi un changement de direction alors que le père Joseph Foucher, csc, occupant depuis 5 ans les fonctions d’adjoint du Père Gendron, devient le deuxième directeur national. Le Père Foucher sera à la barre de l’organisation jusqu’en 1983 alors qu’une première laïque, Johanne Sinotte, sera promue à la tête de l’organisation. Entre-temps, les années 1970 sont le théâtre d’une transformation majeure de l’organisation qui revoit, à l’instar de la plupart des institutions missionnaires catholiques, ses orientations, ses méthodes, ses objectifs et sa vision de la mission ou plutôt, de l’engagement chrétien dans le monde. Le Service missionnaire des jeunes entame la décennie de belle manière alors qu’il prend pour nom Jeunesse du Monde (JM) et qu’il acquiert au cours de la décennie sa personnalité propre et pérenne jusqu’à sa fermeture en 2011. Ce changement de nom n’est pas anodin : il traduit un renouvellement dans la participation de l’organisme à la mission de l’Église. JM se dote de quatre objectifs de base qui orienteront ses actions, ses méthodes, sa mise en réseaux avec d’autres organisations des secteurs communautaire, ecclésial et de la solidarité internationale, travaillant autant dans une perspective laïque que religieuse : la lutte contre le racisme, la promotion de la paix internationale, l’action pour la justice entre les peuples et la défense des droits de l’homme. À partir de 1972, des projets précis à réaliser sont proposés dans l’un ou l’autre pays du Tiers-Monde, en collaboration avec des missionnaires. Ces projets-actions deviennent des temps forts d’animation et d’éducation et donnent sa couleur particulière à JM. Ses membres recueillent des fonds en ce sens, mais s’engagent aussi concrètement alors que des délégations de jeunes se succèdent tantôt au Sénégal, au Bénin, au Honduras, au Pérou, au Mexique, aux Philippines, au Chili, en Haïti, etc. Les Jeunes du Monde produisent également des films, organisent des rencontres nationales annuelles pour souligner les avancées du mouvement et permettre aux jeunes de toutes les régions francophones du pays de se réunir, d’échanger sur leurs pratiques et de mettre en commun leurs expériences de transformation sociale, dans le Tiers-Monde comme au Canada. En 1978, les nouveaux statuts des Œuvres pontificales missionnaires permettent à JM de devenir une œuvre autonome ayant son incorporation civile, ce qui lui donne une plus grande latitude dans ses actions et orientations face à l’Église catholique comme institution. En 1980, le secrétariat national aménage de nouveaux locaux au 920, rue Richelieu, Québec, grâce à l’hospitalité des Sœurs de la Charité de Québec. En 1983, après de nombreuses années de collaboration avec des organisations sœurs du monde entier, JM suscite la création de la Fédération internationale catholique des organismes missionnaires de jeunesse (FICOM-J) dont le siège social sera établi à Québec